Tables de fêtes Marrakech

Publié le 8 Décembre 2006



Du bon usage de la gastronomie !

C’est toujours curieux d’aller dans un grand restaurant cité sur tous les guides , un « chouia « intimidant même , passé les arcanes de l’accueil plus ou moins condescendant et un tour du propriétaire rassurant , la suite relève d’une alchimie personnelle … En fait les ¾ du temps on a peur tout simplement de na pas y dîner correctement … Ces établissements étant voués à une certaine perfection quotidienne , on sait par avance l’équation impossible , la vie par chance étant imprévisible … Ces tables louvoient entre perfection et aléas mineurs . La restauration étant définitivement une science inexacte , non formatable pas même par nos jeunes cadres dynamiques frais émoulus d’écoles hôtelières , ni encore moins par les grandes enseignes multinationales ! c’est encore une chance …


Le phénomène Yacout de Marrakech …

Même les quelques détracteurs du Yacout ne rateraient pas une occasion de s’y afficher lors d’une des soirées données par son Propriétaire , secret , introverti , toujours grand prince , Mohamed Zkhiri ne laisse personne indifférent , ses talents de bâtisseur , de créateur , de restaurateur ont largement contribués à l’envol de la saga « Marrakech « .

Celui-ci a tout d’abord su donner le coup de pied dans la fourmilière du conformisme dans les années 80 ou il faut bien reconnaître que bien peu avait mis la Ville Rouge au Menu de leurs pérégrinations touristiques , en jouant les iconoclastes , posant ses valises en pleine médina . Beaucoup crièrent à l’époque au scandale , « on allait profaner la médina de Marrakech ! « … D’autres très minoritaires y virent avant l’heure une nécessaire mutation de cet espace historique , vivant traditionnellement en vase clos …

Il y a des clients partout , dans les salons , les terrasses , les recoins … On s’attend à voir une table perchée dans un des palmiers situé dans le patio ! c’est un peu la folie marrakchie qui se dégage de cette ambiance chaque soir ( sauf le lundi fermeture hebdomadaire ), et l’on se demande comment on arrive à sortir de la gastronomie dans cet aimable tumulte , dégager de la sérénité , saucissonner de la générosité , distribuer des sourires … Eh bien franchement le cocktail prends , la magie du Yacout vraisemblablement !

Accueilli au rez de chaussée par d’élégants serveurs en tenue traditionnelle blanche , et conduit sur le toit terrasse pour l’apéritif ( servi à volonté ) , flanqué d’une vue à couper le souffle sur la Médina et la Koutoubia , vous serez quelque temps après repris en charge et conduit à votre table …
Cuisine du soleil , le menu dégustation du Yacout à 750 DH vins de qualité , apéritifs , café et thé à la menthe compris … reflète les couleurs et les saveurs d’une ville dont les senteurs aromatiques bercent promenades en calèche et déambulations dans les souks .

Assortiment de salades fines ( classique et délicat assortiment de 10 salades ) , poulet au citron sans peur ni reproche , épaule d’agneau à la vapeur , fine pastilla au lait ( les feuilles de pastilla préparées dans l’après midi sur un kanoun et une plaque en fer ) , le tout préparé traditionnellement par des femmes cuisinières .
Table de fête ou tout est étudié … Cristaux gravés , vaisselle fine de Limoges , couvert en argent , nappes et napperons immaculés , vins marocains servis dans des carafes de cristal , photophores . Tout concoure à la réussite d’un moment ou le temps suspends son vol …
Orchestres traditionnels à chaque étage , distillant une musique discrète d’un charme fou !

L’énergie et la passion poussent Mohamed Zkhiri à aller toujours de l’avant , il vient d’acquérir la Kasbah « Goundafi « en ruine dans les hauts de Marrakech , qu’il restaure avec soin « à l’ancienne « à 2 doigts de la « mosquée de Timnel » classée au patrimoine mondial de l’ Unesco … Prochaine ambassade du bon goût marocain … Mais c’est déjà une autre aventure , de celles qui font courir Mohamed sur les routes de montagne à la recherche d’anciennes , portes , fenêtres , plafonds et qui l’ont poussés afin d’obtenir le meilleur en menuiserie , ébénisterie , à construire et équiper une petite usine … Vous l’aurez compris le propriétaire du Yacout ne fait rien à moitié … comme en amitié , comme en restauration …
C’est tout ou rien ! c’est aussi l’histoire d’une réussite personnelle , d’un exceptionnel parcours maroc



Coup de projecteur sur une nouvelle adresse prometteuse .
Palais Souleiman en face de la Wilaya de Marrakech

Cette belle maison patricienne reste imprégnée de l’esprit du Père ( décédé il y a un an environ ) … Les plus grands pianistes s’y sont produits il y a quelques 10 ou 20 ans , et le Palais Layadi a été véritablement l’annexe de la Salle Pleyel à Paris … à une époque ou la vie culturelle marrakchie se trouvait être réduite au minimum indigent … j’ai en mémoire quelques prestations musicales de haut vol interprétés par Jean Efflam Bavouzet ( victoire de la musique « classique « 2005 ) , Maria Joâo Pires ( à découvrir absolument , sa version des 2 concertos de Chopin ) , et surtout Mohamed el Bacha ( prix de la Reine Elisabeth ) le tout interprété sur un piano de concert somptueux toujours sur site !

Entêtement , pugnacité de la part de Driss Seghni qui prît à bras le corps la destinée de cet héritage familial , patrimoine historique de la Capitale Rouge vaillamment protégé de la voracité des investisseurs qui achètent tout autour de ce secteur ( tel celui-ci qui dernièrement forçat portes et fenêtres afin d’intimider le bon peuple certainement ? ) . Belles proportions et taille impressionnante de ce palais dont un patio mesurant 15 mètres sur 15 , coiffé d’un toit roulant ( façon Lasserre ) permettant d’ouvrir et de fermer celui-ci suivant les caprices du temps , des salons sobres , une suite de pièce allant vers une partie dite « espagnole « des emprunts à l’architecture « turque « donnant à admirer au final une opération de sauvegarde parfaitement réussie , sans délire de décorateurs « jet-chichiteurs « … déambuler dans ces suites de salons , de couloirs dérobés appartient aux purs délices de la vie !

Installé au beau milieu de la cour intérieure , Dîner ce soir là dans une salle moyennement remplie d’une assistance élégante , discrète …
Mise de la table , là aussi de haute volée , nappes et napperons , fins verres en cristaux taillés de Baccarat ( j’en mettrais quasiment ma main au feux ) , assiettes à bordure turquoise sur dorure du plus bel effet , couvert en argent …
Coté gastronomie … à classer dans l’innovation adossé au classicisme , suite de plats variés , enfin en quantités modérées : mise en bouche originale en forme de « corne de gazelle « fourrée au fromage , assortiment de salades de l’Atlas original tant dans sa présentation que dans sa variété de goût , ensuite un Poulet Kadra aux navets et beignets de pois chiches … Pour suivre un Tagine de veau aux zestes d'orange et carottes glacées … Et pour clôturer le ban des Crêpes farcies aux pommes et caramel . Une Cuvée Président exceptionnellement « buvable « ce vin étant tombé qualitativement au plus bas ces dernières années … autre belle repentance !

Service discret , attentif au sens du détail , dans une ambiance musicale inattendue et parfaitement en adéquation avec la magie de l’endroit , sur des airs de la « Callas « - bon sang ne saurait mentir … -

Authentique frisson qui vous remonte dans le dos , endroit irréel métamorphosé en table de qualité … dans un exercice de sobriété qui rime enfin avec Marrakech !

Menu à 495 DH + vin

Pandore





Les JARDINS DE LA MEDINA
Kasbah de Marrakech .


Belle initiative « hebdomadaire « que ces soirées musicales sur des thèmes aussi variés que le répertoire d’ Aznavour , de Piaf et autre Barbelivien , mélangeant le jazz , le rétro , américain gospel , etc … interprété par un chanteur français « Rémy « pourvu dirai je … d’un « bel organe musical ! « à faire sauter la sono … ce qui nous change là aussi des approximations qui nous sont habituellement assénées sous couvert d’animations dans d’autres endroits « modes « !
Installé dans le jardin arboré ( palmiers et autres bambous verdoyants ) , véritable oasis de fraîcheur en plein cœur de la Kasbah ( ancienne propriété d’une famille princière ) les tables dressées à proximité immédiate de la piscine sous des toiles de tente blanches … jouxtant le bar et la salle de restaurant d’hiver . 30 minutes montre en main afin d’obtenir l’apéritif ; un verre de vin blanc ( chaud ) et un martini servi dans un verre ébréché …
Menu imposé à 360 dh ce soir là : un potage à connotation exotique , des filets de sole copieux avec des pâtes et légumes " Wok " , un dessert glacé ( trop congelé ) le tout se voulant d’inspiration vietnamienne ou thai , service dépassé pour une salle bien remplie ( scotchée aux lèvres du chanteur heureusement pour le Chef de Cuisine ) , malgré la présence d’un maître d’ hôtel en complet noir donnant exclusivement des ordres péremptoires aux 3 serveurs , et un Directeur de la restauration en chemise cravate qui se débattait comme un beau diable afin de sauver ce qui pouvait l’être en mettant la « main à la pâte « . La direction tout sourire dînant à 2 pas de notre table …

L’hôtel que je vous conseille vivement relevant de la grande tradition hôtelière , prestation et service idoine … un bel endroit de vacance pour un séjour de rêve niché au fond de la Kasbah dans un quartier historique à deux pas du Palais Royal …

Soirée heureusement largement sauvée par la prestation musicale du chanteur …
Comptez 450/55O DH par personne au restaurant .


Pandore




Rédigé par pandore

Publié dans #pandore.maroc

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